Une création de Pierre Mabille
avec les Ateliers Duchemin
J’ai envisagé une œuvre pérenne inscrite dans le réel d’un quartier, proposée à une multiplicité de regards différents. De mes premiers vitraux, j’ai retenu l’importance du dialogue avec les personnes attachées à leur église. L’environnement de ce projet ressemble au contexte de mon atelier situé dans une cité hlm à Montreuil où depuis 30 ans je perçois mon voisinage sur le plan de sa réception de l’art, les proximités possibles et les grands écarts. Je trouve important de penser la place de l’art dans différents contextes à partir d’expériences vécues, loin des stéréotypes.
Dans l’église l’apport d’une œuvre colorée soulignera certains aspects de l’espace architectural en proposant son expression autonome. Elle se perçoit d’abord de manière frontale, presque théâtrale, puis elle nous propose un sens de lecture. La suite des 8 baies appelle des jeux entre l’unité de l’ensemble et l’autonomie de chaque baie. Leur succession visuelle rythmée énonce une « phrase » chromatique inscrite dans un même mouvement, une variation sur un même thème. Proposition à la fois de « lire » et de s’abandonner à la contemplation, à la fois épouser l’architecture et permettre échappées, visions en mouvement, en dérive, en échanges.
Je voudrais que les sensations riches données par les couleurs pures et les formes simples, soient une partition visuelle à interpréter intérieurement, qui accompagne la réflexion, la prière, le partage de la parole, les célébrations, en proposant au regard des récits avec progressions, séquences rythmées, rimes et échos. Une partition visuelle et sensible pour les yeux et l’esprit de chacun.
Les Ateliers Duchemin sont parmi les maîtres-verriers les plus expérimentés dans le travail avec des artistes contemporains. Je suis pour ma part engagé depuis 1997 dans une recherche picturale ouverte sur diverses pratiques (image, écriture, espaces,…) et après la 1ère commande publique des vitraux de Chalonnes-sur-Loire en 2014, cette collaboration marque une nouvelle étape de mon travail.
Un autre point est de proposer parmi les matériaux contemporains assez communs de l’édifice l’apport de vitraux en verre soufflé assemblés au plomb, matériaux rares qui capturent le regard par leurs aspects changeants dans la lumière créant un événement visuel singulier. Je suis particulièrement intéressé par la tension entre un vocabulaire formel du 21ème siècle et ces matériaux et savoir-faire inscrits dans une mémoire longue liée à la spiritualité. Ecriture vive qui s’aventure avec fluidité dans l’espace coloré du verre. Il s’agit pour moi de développer des expériences amorcées lors de mon précédent projet de vitraux par l’usage de lignes pures et de formes simples. Par ailleurs le contraste entre droites (verticales, obliques, rayonnantes) et amples courbes de l’architecture est une inspiration à approfondir.
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En résumé, la proposition est basée sur ma passion du langage immatériel des rapports colorés. Les paramètres techniques sont au service de cette idée première : le choix du vitrail plomb propose un contraste dynamique, une activation belle et inattendue de l’architecture. Affirmer la polysémie originelle des couleurs et des lignes, polysémie féconde que chacun peut accueillir dans ses pensées, ses prières ou dans les paroles échangées. Le pouvoir des formes et des couleurs, leurs rythmes, les sensations et les émotions musicales et poétiques qu’elles développent sont au cœur de ce projet.
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